J’ai repoussé cet article jusqu’à la dernière minute, par peur ou superstition.
Mais je ne pouvais pas clôturer ce blog sans raconter la fin de l’aventure de la PMA, car depuis quelques jours nous pourrons dire que cette parenthèse de notre vie est définitivement clôturée et que nous avons eu la chance de devenir parents.
Je repense à tous les blogs, articles que j’ai pu lire et qui se finissaient en happy end. Cela me laissait toujours mitigée. A la fois, rassurée de voir que de nombreux parcours se terminaient bien, alors pourquoi pas moi? mais également avec un sentiment de grande solitude car mon tour n’était toujours pas venu et j’avais peur qu’il ne le soit jamais. Je détestais particulièrement les jugements à l’emporte-pièces » il faut y croire, ça finit toujours par marcher ». Je préfère pour ma part dire que nous avons eu beaucoup de chance, et j’espère que mon parcours qui n’a pas été facile pourra donner de l’espoir à d’autres femmes qui rencontrent les mêmes difficultés en vous souhaitant à votre tour de vivre ce grand chamboulement.
Revenons bien en arrière, au début de l’année 2022.
Après mon opération pour l’endométriose, Le docteur Hope nous a proposé de faire une insémination. Avec mon utérus tout « neuf » cela pouvait se tenter et puis nous n’en avions jamais fait donc nous lui avons fait confiance et en février 2022, on se lançait pour notre première IAC après plus de 5 ans de parcours. J’y mettais alors beaucoup d’espoirs, mais ceux-ci furent douchés le dernier jour du mois.
On se laissait encore une chance en mars, mais j’étais passablement agacée par cet énième échec et mes espoirs étaient proches du néant. Je me questionnais beaucoup sur le don d’ovocytes qui serait pour nous notre dernière option. En tout cas, je ne me voyais pas faire 4 ou 5 inséminations et revivre tout autant d’échecs. J’étais arrivée à bout de ce que je pouvais endurer moralement et je ne vivais pas très bien les rendez-vous de suivi avant l’ovulation. Une vraie humeur de bouledogue!
Le jour de la prise de sang, il y avait déjà la queue devant le labo. Pourtant je faisais toujours attention à venir 15-20 minutes avant l’ouverture à 7h. Après plus d’une heure d’attente, je prévenais une fois encore mes collègues de mon éventuel retard et je m’agaçais car je déteste débuter ma journée comme cela. Inutile de préciser que je n’avais aucun espoir dans cet essai et que cette prise de sang n’était qu’une formalité obligatoire avant de passer à la suite.
Le soir, comme pour chaque tentative, j’attendis le retour de Monsieur Patient pour que nous regardions ensemble le résultat. Quand j’ouvris le mail du labo, et que je vis écrit « 233 » je ne compris pas tout de suite ce que cela voulait dire. On se regardait tous les deux incrédules. C’était positif, et un positif qui ne permet pas de se poser mille questions comme nous l’avions déjà vécu. On prit note un peu mécaniquement de l’information tout en restant très détachés. C’était une étape, certes une étape que nous n’avions jamais franchie avec un résultat si franc, mais ces trois chiffres ne présageaient pas d’une issue positive pour autant.
J’allais ensuite refaire deux prises de sang pour confirmer que le taux augmentait correctement, puis nous eûmes le rendez-vous avec Hope pour l’échographie de datation. Ce jour-là je me souviens de mon inquiétude que tout s’arrête là. Alors quand elle posa la sonde sur mon ventre, j’étais dans l’attente de savoir si un embryon était bien implanté au bon endroit. Elle me rassura très vite, avant de préciser « on va passer au deuxième maintenant ». Moment de flottement pour moi « quoi? comment cela le deuxième? », mais Monsieur Patient s’écria « je le savais, j’avais vu les deux poches! ». Et le deuxième était aussi bien accroché que le premier. J’étais abasourdie et l’ironie de la situation ne pouvait m’échapper. Nous n’avions jamais réussi à avoir un embryon qui s’accroche correctement par FIV ou naturellement et là, suite à une insémination avec deux ovules on décrochait le pompon!
Très vite le discours de la gynéco qui m’avait fait l’hystéroscopie résonna à mon oreille « avec votre utérus en T, si vous obtenez une grossesse ce sera une grossesse à risque, il faudra vous arrêtez très tôt et surtout pas de grossesse gémellaire ». Hope et le chirurgien qui m’avait opéré semblaient heureusement plus optimistes!
L’annonce de la gémellité a accentué mon angoisse que tout s’arrête avant la fin, sans parler de quelques péripéties qui ont jalonné notre parcours (des légères pertes de sang en avril – une clarté nucale à la limite pour l’un des bébés en mai suivi d’une batterie d’examens – une menace d’accouchement prématurée en septembre et une mise au repos jusqu’à l’accouchement – un accouchement de rêve mais une hémorragie du post-partum).
J’ai adoré être enceinte. J’ai traversé les mois en m’émerveillant de tout ce que je vivais, en acceptant ce que cette grossesse particulière allait devoir impliquer, parce qu’elle tenait du miracle à mes yeux. Et même parfois je me disais que si tout devait s’arrêter là, j’aurais connu le bonheur de voir mon ventre s’arrondir, de découvrir deux petites cacahuètes se développer lors des nombreuses échographies que j’ai eu, de les sentir bouger dans mon ventre. J’ai même accepté les maux, la fatigue, les insomnies et les contractions en me disant que c’était peu à payer pour vivre ce que j’étais en train de vivre.
Depuis quelques jours, je tiens mes enfants dans mes bras. C’est à la fois merveilleux et angoissant. L’organisation que demande l’arrivée de jumeaux me donne franchement des sueurs froides et les heures passent en ayant l’impression de n’avoir rien fait d’autre que les nourrir, les changer et les calmer. C’est une nouvelle aventure qui commence pour nous. J’espère que nous serons à la hauteur et que nous saurons apprécier au quotidien la chance que nous avons de les avoir tous les deux dans notre vie.